Design Fiction : Les Maîtres de l'eau

 

2057. Après 5 années successives de sécheresses entre 2030 et 2035 qui ont fait baisser drastiquement les rendements agricoles et obligé à l’abattage de nombreux cheptels, une crise alimentaire sans précédent a balayé l’Europe. Trouver de l’eau et la conserver est devenu un enjeu stratégique. Dans les basses vallées, les nappes phréatiques sont à sec et le prélèvement dans les fleuves et rivières n’est plus possible.

Un territoire a profité de cette crise : la montagne. En plus des ressources naturelles (précipitations, stockage via le manteau neigeux et les glaciers - même si ces derniers ont quasiment disparu dès 2040), les barrages sont devenus les principales réserves d’eau du territoire. Leur privatisation après 2022 s’est faite avec l’aval des collectivités, au sein de coopératives locales adossées à des investisseurs privés.

En parallèle, les montagnards ont consolidé un savoir-faire unique dans la conception et l’aménagement de retenues d’altitude, qui stockent l’eau des précipitations et/ou de la fonte des neiges. Cette gestion est devenue industrielle et la montagne en est maintenant parsemée, et de nombreuses conduites souterraines ou aériennes rejoignent les vallées pour alimenter les villes en eau.

Les territoires montagnards ont trouvé une nouvelle richesse dans cet “or bleu”. Les coopératives locales, regroupées au cœur d’un puissant cartel, négocient en permanence avec leurs bassins versants le volume d’eau mis à disposition et son prix.

Ce pouvoir créée des envieux et les communautés locales cherchent à se protéger. Les vieux démons séparatistes refont surface.

 

LE PERSONNAGE TOTEM

Jean-Karim, le jeune et controversé président de la CEMP, la Coopérative d’Eau de Montagne des Pyrénées, connu pour ses liens avec les milieux indépendantistes prônant la création d’une nation pyrénéenne.

 

POURQUOI ÇA INTERPELLE ?

        À l’image de la neige et du tourisme d’hiver dans les années 70, l’eau est une des ressources stratégiques de la montagne autour desquelles une économie nouvelle pourrait se former. Les espaces naturels et leurs bénéfices pourraient en être une autre. Tirer le fil de ce raisonnement met en évidence l’existence de plusieurs alternatives soutenant la vitalité du territoire.

        Parce qu’en montagne on a tendance à penser le sujet de l’eau par rapport à nos propres besoins montagnards. Que se passerait-il si demain la montagne devait se priver d’eau pour alimenter les plus basses vallées victimes de sécheresse  ?

 

Ce scénario est paru initialement dans le numéro 1 des Passeurs: Vivre en montagne après 2020, paru en Mars 2021